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Train régional de Dakar : un scandale financier et technique



À la veille de l’élection présidentielle de 2019, quand le président Macky Sall faisait un déplacement à bord du Train régional express régional (TER), beaucoup s'attendaient à faire de même immédiatement après. Deux ans et demi plus tard, les rames sont toujours à quai.


Pour justifier le retard, de nombreux acteurs rappellent que les délais annoncés étaient de toute façon irréalistes. Mais on peut aussi y voir de nombreuses pesanteurs dans la réalisation au quotidien des principales entités françaises et turques. Ce qui pourrait par exemple justifier l'enveloppe colossale du projet par rapport à son équivalent près de 4 fois plus grand au Nigeria.


Pour dénoncer de nombreuses carences dans le financement du projet, l'opposant Ousmane Sonko accuse l’exécutif d’avoir minoré le coût total du projet. « En étudiant les contrats un à un, on voit que le coût du TER a dépassé 1 000 milliards de F CFA [1,5 milliard d’euros] », lançait-il en 2020 devant l’Assemblée nationale. Une « arnaque », à en croire le député, qui reproche à Macky Sall ne n’avoir pas su protéger les intérêts du Sénégal face à ses partenaires français.


Des coûts exorbitants


Le président l'a rappelé lors de l'inauguration, le coût total de la première partie de la construction de ce TER représente 656 milliards de francs FCA, soit environ un milliard d'euros. Le tout est financé par des bailleurs internationaux à des niveaux variables dont les chiffres officiels sont les suivants : Banque africaine de développement (120 milliards FCFA), Banque islamique de développement (197 milliards FCFA), Agence française de développement et Trésor français (196,5 milliards FCFA), et enfin État du Sénégal (142,5 milliards FCFA).


Toujours en Afrique de l'Ouest, la ligne Abuja-Kaduna, longue de 190 kilomètres inaugurés en juillet 2016, et Lagos-Ibadan, a été construite par une entreprise chinoise pour 1,6 milliard de dollars.


En coulisses, des sources évoquent toutefois d’autres problèmes. Le premier, lié au retard de construction de certaines gares, renvoie directement à la société Getran. Le constructeur sénégalais, chargé de celle de Diamniadio, a pris un retard considérable dans ses travaux. « Leur capacité financière a fait défaut, explique une source proche du dossier. On a constaté que les travaux n’allaient pas aboutir. » Les constructeurs turcs Summa, appelés à la rescousse, ont dû prendre le relais.


Un second problème touche cette fois aux liens entre le Sénégal et la France, partenaire privilégié de Dakar sur le projet. Au-delà du financement, les Français sont très impliqués dans la construction du TER : ouvrage réalisé par un consortium franco-turco-sénégalais Eiffage-Yapi Merkezi-Compagnie sahélienne d’entreprises (CSE), conception et réalisation des infrastructures et systèmes par Engie et Thales, fournitures des wagons par Alstom.

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