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NAKOMITUNAKA : La chanson du saxophoniste Verckys Kiamuangana qui a fait trembler le VATICAN en 1972



Qui est l’homme noir ? D’où vient-il ? Qui est son tout premier ancêtre ? Où est-il ? Pourquoi tant d’injustices et de discriminations envers le nègre au sein de l’Église? Pourquoi Dieu nous a-t-il crées noirs ? Telles sont les questions qui hantent le compositeur. Il s’interroge lui-même. Il se demande et finit par coucher le texte de cette chanson.



A l’époque de sa sortie en 1972, en pleine politique de retour puis de recours à l’authenticité, Mobutu est en conflit ouvert et direct avec l’Église catholique à travers la personne du cardinal Malula. Cette chanson sonne comme une réponse du berger à la bergère. Une aubaine pour le président. A sa demande, la Voix du Zaïre fait passer quotidiennement sur les antennes de la radio nationale, l’œuvre controversée et reprouvée par plusieurs chrétiens.

À la sortie de cet album, le Vatican avait demandé au clergé congolais d'interdire la chanson. Cela avait dégénéré en émeutes pendant 6 jours. Des Congolais avaient refusé d'aller à l'église. Comme punition, le clergé avait excommunié les meneurs de la révolte qui avaient accepté à cœur joie le verdict. À vrai dire, il y a longtemps que l'heure a sonné pour que l'Africain revienne aux splendides sources de sa culture riche et variée qu'il importe de valoriser


Le terme « Nakomitunaka » veut dire « je continue à me demander ». C’est une interrogation de l’artiste devant la différence existant entre l’homme blanc et l’homme noir au sein de l’Eglise catholique. L’auteur se pose des questions sur l’origine de la peau noire, d’une part, et du manque de la représentation des noirs dans le fondement de cette église, d’autre part. Si les prélats voient en ce titre une forme de provocation, l’artiste se servira du recours à l’authenticité, prôné par le président Mobutu, comme bouclier.



« Ah eh nakomitunaka, Nzambe oh nakomitunaka oh. Mposo muindo ewuta nde wapi oh ? Nkoko na biso ya kala ye nde nani ? Yesu mwana ya Nzambe ye nde mondele, Adamu na Eva bango nde mindele, Basantu nyonso bango mpe mindele, pona nini ». « Ah eh je continue à me demander, oh Dieu je continue à me demander. D’où vient la peau noire ? Qui est notre viel ancêtre ? Jésus fils de Dieu appartient à la race blanche, Adam et Eve, eux de même, sont de la race blanche, tous les saints, eux aussi, sont des blancs, pourquoi ? »



En outre, l’artiste constate avec beaucoup d’amertume que les statues des blancs sont vénérées tandis que l’homme noir et ses statues ont été voués au diable. Cette mélopée fut enregistrée après le départ du trio « MaDjeSi » dans l’orchestre « Veve ». Verkys fera recours à Pépé Kallé et José Bébé pour chanter en polyphonie cette chanson, et restructurera l’orchestre dont l’ossature sera composée de : Verkys et Kunsita Rubbens au saxo, Roxy Tchimpaka à la guitare solo, Pierre Munonge, à la rythmique, Ye Bondo à la guitare pop. A la batterie, Sylvain Vangu.



Surnommé l’homme au poumon d’acier, Verkys est né le le19 mai 1944 à Kisantu en République démocratique du Congo (RDC). A partir de1962, il est cité dans les orchestres Los Cantina et Jamel Jazz. En 1963, il entre dans l’Ok Jazz qu’il quittera en 1969 pour créer l’orchestre « Veve ». Il a dominé l’arène musicale kinoise en tant que saxophoniste, éditeur et producteur. Il a favorisé la prolifération des orchestres en RDC.



Mais des questions méritent d’Être posées. Verckys avait-il profité de la crise Malula-Mobutu pour écrire sa chanson ? Ou voulait-il profiter les bonnes grâces du Guide en s’attaquant à L’Église au moment où le torchon brûlait entre l’État et les catholiques? Chantée par Pépé Kallé, cette composition considérée comme hérétique coûta l’excommunication à son auteur. En 2016, sa fille, Ancy Kiamuangana a mis sur le marché une version relookée du titre.



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