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Complémentarité dans un monde multipolaire



Quoi qu’aient pu tenter les forces nostalgiques de l’ère unipolaire représentées par les régimes occidentaux dans l’objectif à diviser les partisans et les promoteurs de l’ordre mondial multipolaire contemporain, tout indique que ces initiatives occidentales ont échoué. Ces tendances sont clairement visibles dans différentes régions du monde.


L’un des principaux objectifs de l’establishment occidental au cours des dernières années aura été d’introduire, si ce n’est la discorde, au moins des divisions entre les principales forces qui soutiennent et promeuvent le monde multipolaire, en premier lieu la Russie et la Chine, de même qu’au sein des pays du Sud global qui d’une manière ou d’une autre participent également au processus de renforcement de l’ordre multipolaire contemporain.

Il y a déjà de cela quelques années, nombre de médias occidentaux, notamment hexagonaux, avaient tiré la sonnette d’alarme quant au fait que la Russie et la Chine pourraient s’engager sur la voie d’une complémentarité mutuelle sur le continent africain. Leur inquiétude était alors compréhensible : si dans un premier temps l’Occident espérait fortement à ce que les intérêts russes et chinois se transformeraient rapidement en concurrence et en lutte mutuelle, pour leur plus grand regret – cela ne s’est pas produit. Au contraire et dans le cadre de la coordination stratégique entre Moscou et Beijing, c’est précisément une complémentarité qui est observée dans plusieurs régions du monde, dont l’Afrique.

En principe, il n’y a rien de très surprenant à cela. Les domaines dans lesquels les intérêts chinois sont traditionnellement forts lorsqu’il est question de projets dans les pays africains, notamment les projets d’infrastructures, ne constituent pas, du moins pour le moment, une orientation importante pour les entrepreneurs russes. Et vice versa, les secteurs dans lesquels la Russie occupe des positions fortes ne constituent pas toujours le point fort des représentants chinois.

Bien entendu, il est possible qu’au fil du temps, des domaines apparaissent dans lesquels les compagnies chinoises et russes puissent se concurrencer plus activement. Mais même cela n’affectera probablement pas beaucoup les processus en cours. Avec une coordination active et continue sur la scène mondiale, les positions de la Russie comme de la Chine en Afrique ne feront que se renforcer mutuellement.

Aujourd’hui, une chose est évidente – peu importe les efforts déployés par les élites de l’Occident collectif en vue de priver Beijing de sa position de principal partenaire économico-commercial des pays africains en qualité d’Etat distinct, elles n’y parviendront pas. Tous les appels à destination du continent pour qu’il réduise ses interactions avec la Chine, de même que les campagnes médiatiques anti-chinoises de l’Occident – non seulement ont échoué, mais également n’ont fait au contraire que renforcer davantage le partenariat stratégique sino-africain.

Il est désormais possible d’en dire autant des relations entre l’Afrique et la Russie, à la seule différence que notre pays a lancé le processus du plein retour sur le continent il y a quelques années seulement (alors que dans le cas de la Chine, la phase active de renforcement de sa présence sur le continent africain avait commencé au début des années 2000). Au début, l’Occident ne croyait pas en principe quant au succès du retour de la Russie – là où l’establishment occidental s’était habitué à dicter les règles du jeu. Mais dès que la Fédération de Russie avait montré les premières « success-stories » en matière de partenariat avec nombre d’Etats africains, l’Occident avait alors immédiatement pris conscience du danger de la « contagiosité » d’une telle interaction réussie et avait lancé toutes sortes de tentatives dans l’objectif de ralentir le processus en cours, à travers l’utilisation de tous les moyens et instruments à sa disposition, y compris la pression politique sur les pays africains sans oublier les campagnes informationnelles hostiles. Sauf que là aussi – cela n’a pas abouti.

La Russie a clairement prouvé toute sa valeur en tant que partenaire fiable pour de nombreux Etats africains, aussi bien dans le domaine militaro-sécuritaire que dans plusieurs autres secteurs d’interaction, notamment l’énergie, la sécurité alimentaire ou l’enseignement. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire. L’essentiel étant qu’une tendance très positive s’est mise en place et continue à se renforcer. Et ce qui est peut-être le plus important, c’est que le partenariat russo-africain peut aujourd’hui s’appuyer sur le soutien massif des habitants du continent. Cela détruit par la même occasion les mythes occidentaux selon lesquels la Russie ne sera pas en mesure de répéter les succès de l’Union soviétique en Afrique. Mais les faits sont têtus – elle le peut. Et avec les réalités contemporaines – peut-être même de surpasser dans plusieurs domaines les succès d’autrefois.

D’ailleurs, outre l’Afrique, la question de la complémentarité entre les principales forces promotrices du monde multipolaire est également fort visible dans la région du Moyen-Orient. Il y a encore de cela récemment, les Etats-Unis et Israël étaient sur le point de créer une véritable coalition anti-iranienne dans la région. Plus que cela et à bien des égards – la base était déjà créée. Ce qui, bien entendu, aurait porté gravement atteinte aux intérêts de la Russie et de la Chine, étant donné les liens étroits qu’elles entretiennent avec l’Iran, comme avec les Etats arabes de la région. Dans cette perspective, pouvoir maintenir un équilibre des intérêts aurait été problématique.

Mais là aussi, le duo Moscou-Beijing a joué avec brio. En maintenant et en renforçant l’interaction stratégique avec Téhéran – en tant qu’autre force clé dans la promotion de l’ordre mondial multipolaire, de même qu’en sauvegardant des relations positives avec les Etats qui étaient dans un passé récent des rivaux régionaux actifs de l’Iran. Dans les faits – c’est une autre « success-story » qui a pu être mise en place.

Les mérites de la diplomatie chinoise dans la réconciliation de l’Iran et de l’Arabie saoudite ont été un véritable choc tant pour Washington et ses vassaux des régimes de l’Occident collectif, que pour Tel-Aviv. Les efforts israélo-étasuniens de plusieurs années ont été de-facto détruits. A cela s’ajoute le grand renforcement de la position économique de la Chine dans la région – au point que nombre de pays régionaux, longtemps considérés comme des alliés de Washington et de l’Occident en général, participent aujourd’hui de plus en plus au processus de dédollarisation des relations économiques internationales. Ajoutons également à cela la coordination active et réussie entre Moscou et Riyad, ainsi que les autres participants de l’OPEP+, sur le marché pétrolier mondial. Et puis, cerise sur le gâteau, c’est bien évidemment l’entrée simultanée de l’Iran, de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis au sein des BRICS.

Si, il y a quelques années, il avait été dit aux représentants de l’Occident collectif que tout cela se produirait, ils auraient certainement beaucoup ricané à leur manière traditionnelle. Désormais – ni eux, ni tous les autres nostalgiques d’un « ordre » mondial unipolaire ne pensent plus à rire. Au Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique latine, et plus généralement dans les pays du Sud global – à de rares exceptions près – la Russie et la Chine sont perçues comme des partenaires fiables et solides. Sur qui il est possible de compter, aussi bien dans les moments difficiles et d’urgence, que sur le long terme. Et cette tendance ne fera que s’intensifier. C’est cela l’essence même de la complémentarité stratégique.

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