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Compaoré reconnait avoir tué Thomas Sankara : Soutenu par Abidjan, prépare-t-il son retour en scène?



Dans une lettre remise par une délégation venue de Côte-D’ivoire ce mardi 26 juillet 2022 au président de la transition Paul-Henri Damiba, l’ancien chef de l’Etat burkinabé demande « pardon au peuple burkinabè » pour les actes commis durant ses 27 ans de pouvoir, en particulier à la famille du président Thomas Sankara, tué lors du coup d’Etat du 15 octobre 1987 qui l’a porté au pouvoir. L’ancien Président du Faso qui appelle les burkinabé à taire leurs rancœurs à travers l’appel «un sursaut patriotique» pour aller de l’avant et ainsi vaincre le terrorisme, semble n’avoir pas dit son dernier mot.



Depuis la Côte-D’ivoire où il est en exil, l’ex-président Blaise Compaoré a, dans son message, demandé pardon au peuple burkinabè et à la famille de son « frère et ami » Thomas Sankara. « Mes chers compatriotes, pour ma part, je demande pardon au peuple burkinabé pour tous les actes que j’ai pu commettre durant mon magistère, plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Isidore Noël SANKARA. J’assume et déplore, du fond du cœur, toutes les souffrances et drames vécus par toutes les victimes durant mes mandats à la tête du pays et demande à leurs familles de m’accorder leur pardon. », a écrit l’ex président Blaise Compaoré dans le message qui a été lu par le ministre porte-parole du gouvernement, Wendkuni Lionel Bilgo, au Palais de Kosyam.



Dans ce message, il a appelé par ailleurs la population « à une union sacrée, à la tolérance, à la retenue, mais surtout au pardon pour que prévale l’intérêt supérieur de la Nation ». « Ensemble, dans un esprit de patriotisme, donnons-nous la main pour taire définitivement nos rancœurs. Il est important aujourd’hui, de travailler au recouvrement de l’intégralité territoriale, à la reconstruction et à la promotion d’un environnement favorable à l’épanouissement durable pour tous », poursuit la lettre.


Selon Blaise Compraoré, « c’est l’unique voie qui permettra ainsi de mettre fin à nos incompréhensions et conflits intercommunautaires pour lutter efficacement contre le terrorisme qui a tant saigné notre pays et ébranlé ses fondements ». « Nous le pouvons. Nous le devons à notre cher pays dans un sursaut patriotique », a-t-il ajouté


Les manœuvres d’Abidjan


Tout se trame depuis Abidjan comme si on préparait le retour au pouvoir d’un assassin qui serait devenu saint, après avoir confessé ses péchés. La preuve, la délégation venue de Côte d’Ivoire qui a rencontré le président de la Transition, le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, à Kosyam, pour lui remettre le message, était composée de Djamila Compaoré, la fille de l’ancien président, et d’Ally Coulibaly, l’un des plus fidèles collaborateurs d’Alassane Ouattara. Yéro Boly, le ministre burkinabè chargé de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale, était également présent.


Le fidèle d’Alassane Ouattara, Ally Coulibaly, est celui qui a expliqué le sens de cette démarche au pouvoir de la Transition. Il souligne le « soutien » d’Alassane Ouattara au processus lancé par Damiba. Pour le président ivoirien, « la condition pour que le Burkina Faso puisse s’en sortir, c’est la cohésion et l’union des fils et filles de ce pays. […] Alassane Ouattara souhaiterait que le peuple frère du Burkina Faso entende ce message extrêmement fort de l’ancien président Blaise Compaoré à qui il accorde l’hospitalité en Côte d’Ivoire depuis huit ans par humanisme et en raison des valeurs auxquelles il croit, au nombre desquelles la dignité humaine et le respect de l’intégrité des personnes. ». Un soutien qui cache mal, aux yeux des Africains, une campagne organisée bien orchestrée pour un retour en grandes pompes de M. Compraoré.



Les élections municipales burkinabés de 2022 devraient avoir lieu en novembre 2022 afin de renouveler les membres conseils municipaux du Burkina Faso.


Brefs rappels

Sankara a été assassiné en 1987 et un procès a été ouvert sur son meurtre l’année dernière, après que les autorités françaises ont finalement accepté de publier des documents militaires détaillant les circonstances de sa mort. Le coup d’État de 1987 avait porté M. Compaoré au pouvoir et il a régné pendant 27 ans avant d’être déposé par un soulèvement populaire en 2014. Il a ensuite fui en Côte d’Ivoire, pays voisin.


Il n’avait eu de cesse de nier toute implication dans la mort de Thomas Sankara, et avait boycotté le procès.


En exil à Abidjan en Côte d’ivoire depuis la chute de son régime, M. Compaoré avait été jugé coupable par contumace pour « atteinte à la sûreté de l’État », de « dissimulation de cadavre » et de « complicité de meurtre », il avait été reconnu comme le principal commanditaire du meurtre du capitaine Isidore Noel Thomas Sankara et de 12 de ses collègues et condamné à la prison à vie dans l’affaire de l’assassinat du père de la révolution Burkinabé.



Il y a quelques semaines, il est brièvement rentré à Ouagadougou. Il était invité par l’actuel président de Transition arrivé au pouvoir lors d’un coup d’Etat en janvier, dans le but de « sceller la réconciliation nationale » face aux attaques djihadistes qui endeuillent le pays. Après avoir rencontré le nouvel homme fort du Faso, il était apparu amaigri à ses côtés, exprimant « sa profonde reconnaissance » aux autorités de Transition.


Sa visite en juillet avait suscité une pluie de critiques au sein de la classe politique et de la société civile qui estimaient que la réconciliation ne devait pas être synonyme d’impunité, pour un homme qui a éteint la plus belle étoile qui brillait dans le ciel Burkinabè et africain, que représentait le capitaine Isidore Noel Thomas Sankara. M. Compraore le reconnait plus de 35 ans après, comme ayant été son « frère et ami », et regrette son assassinat. Le charismatique panafricaniste avait été abattu à l’âge de 37 ans par des soldats lors d’un coup d’État le 15 octobre 1987, qui a vu son ami proche, Blaise Compaoré, accéder au pouvoir.



Après plusieurs décennies, Isidore Noel Thomas Sankara reste une sorte d’icône à travers le continent et au delà - des autocollants arborant son visage ornent les taxis dans toutes les capitales africaines et l’homme – et est célébré par la nouvelle génération de leaders panafricains.

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