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Cameroun / CovidGate : Paul Biya va-t-il envoyer 21 ministres de son gouvernement en prison ?



La fin de la récréation a sonné au sein du gouvernement de Paul Biya, du moins pour ce qui est de la gestion des fonds Covid du FMI. C’est une banalité que de dire que la gestion du fonds spécial anti-Covid mis en place par le Chef de l’Etat n’a pas été orthodoxe. Le clientélisme, la corruption, la gabegie, les délits d’initiés, la surfacturation ont jonché l’itinéraire de collecte des fonds jusqu’à leurs destinations finales. Le règne de l’opacité s’est établi dans la gestion desdits fonds, profitant des urgences liées à la survenue de la pandémie du Covid-19. Un vol organisé des fonds destinés à la gestion du Covid-19 qui a impérativement obligé l'effectivité d'un audit de la chambre des comptes.


Des preuves de détournements des fonds covid-19


Les constatations issues des investigations sont énormes et partent sur plusieurs points. Notamment le quasi-monopole accordé à l'entreprise Medilline Medical Cameroon SA. Le principal fournisseur retenu pour les marchés spéciaux relatifs aux tests de dépistage COVID-19 était la société Medilline Medical Cameroon SA. Selon le rapport d'audit, les engagements en sa faveur représentent au 31 décembre 2020 24 500 000 000 fcfa soit 94,93% des crédits engagés. Par contre SAT PHARMA SARL et MEDICAL PLUS SARL représentent cumulativement 1 306 000 000 FCFA soit 6,10% des crédits engagés. Il faut que Medilline Medical Cameroon SA a bénéficié de l'autorisation numéro 00491 / CF /CAB/PM du 11 juin par laquelle le premier ministre donnait quitus au ministre de la santé publique de mener des négociations avec cette société pour la livraison progressive de 3 000 000 trois millions de kits de test de dépistage à fin décembre 2020. Un autre point à relever, l'impact négatif pour le trésor public du choix de Medilline Medical Cameroon SA au détriment du fabricant SD BIOSENSOR et de la lutte contre la tuberculose, le paludisme et le VIH. Dans la même veine, il faut noter la maitrise d'œuvre des travaux de construction, d'aménagement et d'équipement. Une activité qui a été budgétisée à hauteur de 1 010 000 000 FCFA. Il a été constaté que le recrutement du Maitre d'œuvre est intervenu après le début des travaux. La chambre des comptes a relevé le retard dans le recrutement d'un maitre d'œuvre et le choix d'un autre pour la construction du centre d'isolement de Maroua et Garoua en violation des résultats des manifestations d'intérêts.


Le Minresi impliqué dans le vol organisé


La production de la chloroquine et de l'azithromycine, est la résultante d'une proposition du MINRESI faite au président de la république, qui a donné son accord le 09 avril 2020. En réalité l'IMPM n'a pas lancé de fabrication locale , mais a plutôt procédé à l'acquisition en inde de 5 millions de comprimés d'hydroxychloroquine , 500 000 comprimés d'azithromycine et 300 kgs d'intrant d'azithromycine livré le 29 juillet 2020. Il a alors procédé à leur reconditionnement dans des emballages achetés et imprimés" fabriqué par Zaneka, conditionné par l'IMPM" alors même que les médicaments étaient entrés au Cameroun dans des emballages respectant les bonnes pratiques de fabrication et de conditionnement. A l'évidence, l'IMPM n'était pas en mesure de produire ces médicaments localement, ce qui avait déjà été souligné par un rapport d'évaluation à la direction de la pharmacie, des médicaments et du laboratoire du ministère de la santé publique. En date du 28 avril 2020. Il apparait au demeurant que l'IMPM a passé une commande contraire à la proposition faite au président de la république et formalisée par un marché signé au lendemain de la mission d'évaluation de la DPLM. Au regard donc de ces constats, la chambre des comptes s'interroge sur l'intérêt d'acheter des intrants alors que les conditions de fabrications des médicaments n'étaient pas remplies. D'autres anomalies ont été relevées au niveau du renforcement des mesures barrières, la gestion de la quarantaine des passagers arrivés au Cameroun en contexte d'épidémie, l'acquisition des équipements médicaux de prise en charge des patients atteints de covid-19. Une liste loin d'être exhaustive.


L'ouverture de l'enquête contre les auteurs du grand vol


Le 1er avril 2021, le Ministre d’Etat Secrétaire général de la présidence, Ferdinand NGOH NGOH, saisissait son homologue de la justice Garde des Sceaux, Laurent ESSO, lui prescrivant l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les auteurs, coauteurs et complices des cas de malversations financières constatées suite à l’audit des fonds affectés à la lutte contre le coronavirus. Cet audit avait été réalisé par la Chambre des Comptes de la Cour Suprême. Une semaine après, à savoir le 08, avril 2021, le même Secrétaire général de la présidence est revenu à la charge, cette fois pour répercuter au Secrétaire général des Services du Premier ministre, les instructions présidentielles prescrivant une réorganisation du plan de Riposte contre le Covid-19 et l’approvisionnement du Cameroun en vaccins. De cette dernière correspondance du Ministre d’Etat NGOH NGOH, il est apparu que le Chef de l’Etat a décidé de : LA CREATION D’UNE TASKFORCE COVID-19, logée à la présidence de la république. Il va s’en dire que le Premier ministre n’est plus le coordonnateur de la gestion des fonds Covid-19, il en est de même pour le Minsanté qui, quoique maillon technique, est dorénavant dilué au sein d’une TASK-FORCE qui regroupe plusieurs autres intervenants.

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