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Bujumbura : que de trésors cachés sous les eaux du lac!



Vue du ciel, la ville de Bujumbura ressemble à une large cuvette enveloppée par une chaîne montagneuse qui s'ouvre sur le lac Tanganyika.


A la sortie de l'aéroport international Melchior Ndadaye, ce sont de vastes rizières qui captent d'emblée le regard des visiteurs et accompagnent son entrée dans la ville. Et pourtant, le riz ne figure pas encore dans le registre des produits agricoles identitaires emblématiques du pays au rang desquels trônent encore le café et le thé.



DES CLICHÉS AU CONCRET


De l'extérieur, le Burundi dans son ensemble a longtemps projeté l'image d'un pays contaminé par les virus mortels. Mais ces appréhensions se dissipent au contact de la réalité de ces derniers temps. "Le pays du lait et du miel" se réveille et force son destin en exorcisant au fil des jours ses démons. Bujumbura est l'expression incarnée de cet espoir retrouvé. Une ville propre, sans poubelles. On aurait dit que ces gens s'arrangent à cacher leurs ordures. Comment expliquer l'inexistence des bacs à ordures et la discrétion des camions de ramassage? Des détails bouleversants. Mais assez significatifs pour traduire la remise en ordre de ce pays carrefour qui tangue entre deux vastes ensembles économiques du continent.


Au mois de juin dernier, une vaste opération de remise en ordre des finances publiques et d'ajustement monétaire connaitra son terme. Le changement d' anciens billets de banque pourrait se traduire par la remise dans le circuit économique d'une importante masse monétaire très longtemps thésaurisée. La discipline autour de cette opération a été remarquable. Il y a eu très peu de possibilités de faire du change hors des circuits officiels en raison de l'adhésion quasi religieuse d'une population avide d'alternative.



SOUS LES EAUX, DES TRÉSORS


Le Lac Tanganyika, riverain de la grande ville, est l'expression de ces trésors cachés. D'une superficie de 30 000 M2, cette mer intérieure condense tous les superlatifs. 17% des ressources d'eau douce de la planète, il est le réservoir de ressources halieutiques impressionnantes mais incroyablement sous exploitées. 300 espèces de poissons répertoriées dont 20 seulement connues des populations locales. Frontière naturelle de quatre pays (Burundi, RDC, Tanzanie et Zambie), il est le plus profond d'Afrique et ferait un terrain idéal pour les échanges régionales entre les populations riveraines. Ses énormes potentialités économiques profiteraient à toutes cette région dite faussement enclavée. Le lac peut être navigable. Il peut irriguer les riches plaines alluviales des alentours et faire de la région un des greniers d'Afrique. Curiosité naturelle, il peut accueillir des bateaux de plaisance et devenir un pôle touristique majeur. Débouchant sur le bassin du Congo, Il peut servir de prétexte d'une coopération intra régionale prospère et voir se développer dans ses côtes des infrastructures portuaires viables.



Nonobstant sa petite taille, le Burundi serait alors le porte flambeau d'idées nouvelles, le générateur des activités économiques porteuses de relance et de développement durable cette région qui ignore ses atouts.


Coincé entre l'Afrique Centrale et orientale et ouvert vers le Sud du continent, ce pays deviendrait alors un carrefour des échanges régionales.


Plusieurs indices sont déjà là pour attester que la population est prête et attend davantage de signes d'ajustements économiques et des gages d'une paix durable. Il faut rêver. Sonder les profondeurs du Lac Tanganyika pour susciter ce rêve. Simplement.


Jean Robert ONANA

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