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Angola / José Edouardo Dos Santos : Le départ d’un Panafricaniste


L’ex-chef de l’État angolais s’est éteint ce 08 juillet 2022, alors qu’il était hospitalisé en soins intensifs à Barcelone en Espagne. Il a dirigé son pays durant trente-huit ans, entre 1979 et 2017, avec vertu et s’est inscrit dans la lignée des grands combattants pour l’autonomie et la prospérité de l’Afrique.


C’est le gouvernement angolais qui a annoncé le 08 juillet, le décès de José Eduardo dos Santos, qui avait dirigé pendant 37 ans l’Angola, avant de quitter volontairement le pouvoir en 2018, à 76 ans, mettant de fait un terme à sa carrière politique. Il est décédé dans la clinique de Barcelone où il était hospitalisé depuis un arrêt cardiaque le 23 juin 2022.



« Le gouvernement angolais rapporte avec un sentiment de grande douleur et de consternation le décès » de M. José Edouardo Dos Santos, nous informe un court message publié dans les réseaux sociaux par le gouvernement angolais, qui a précisé que le décès de l’ex-président est intervenu en fin de matinée.


La dégradation de l’état de santé de l’homme fort de Luanda, avait obligé le 29 juin dernier, le ministre des Affaires étrangères angolais, Téte António, chargé de suivre la situation, de faire un déplacement en Espagne –où José Eduardo dos Santos était installé à Barcelone depuis le mois d’avril 2019 – pour s’enquérir de la situation. Depuis son départ du pouvoir en 2017, son unique retour dans son pays, date de septembre 2021. Pendant son séjour à Luanda, José Eduardo dos Santos, avait reçu deux fois, à la fin de décembre et au début de mars 2022, l’actuel président Lourenço dans sa résidence du quartier de Miramar, avant de repartir à Barcelone pour suivre ses soins.


Avant de s’en aller, José Eduardo dos Santos était marié en troisième noces à Ana Paula Cristóvão Lemos. Avec celle-ci, il ont trois enfants. Sa fille aînée, Isabel dos Santos, est issue de sa première union avec Tatiana Kukanova, originaire de Bakou en Azerbaïdjan.



Le père de l’Angola dans une Afrique forte et indépendante


Pour confirmer sa totale indépendance et diversifier les partenaires internationaux de l’Angola, José Edouardo Dos Santos, dès les années 2000, se tourne vers la Chine pour appuyer le développement économique de son pays. En 2003, la Chine accorde une ligne de crédit de 10 milliards de dollars (avec un premier déblocage de 2 milliards de dollars) à l’Angola qui devient le premier pays africain où Pékin met en place son modèle de crédits contre contrats de travaux et matières premières à grande échelle.


En novembre 2006, le président Angolais Dos Santos, co-fonde l’Association des Pays africains producteurs de diamants, une organisation réunissant une vingtaine de nations africaines et ayant pour mission de réguler le marché diamantaire africain selon le processus de Kimberley.


Il se déplace en Afrique et dans le monde et côtoie dirigeants nationalistes sur le continent et à l’international. Il est de ce fait un ami du président russe Vladimir Poutine – Officiellement, les deux chefs d’Etat se sont rencontrés au Kremlin le 31 octobre 2006 –. En février 2009, à l’occasion de la visite de Raul Castro en Angola, Dos Santos dénonce le blocus économique dont Cuba est alors encore victime.


Selon José Pedro de Morais, économiste angolais, José Eduardo dos Santos a sans cesse été en butte à des problèmes complexes, de la guerre à la pacification des rapports entre les citoyens angolais, en passant par la stabilisation politique et économique. Malgré toutes ces difficultés, grâce à lui, l’Angola est devenu la troisième économie d’Afrique après l’Afrique du Sud et le Nigeria, le deuxième producteur de pétrole et une destination privilégiée pour les investisseurs étrangers. Grâce à José Eduardo dos Santos, le pays a su garder son indépendance économique et protéger son riche sous-sol, contre les prédateurs étrangers.



José Edouardo : le parcours d’un panafricaniste acharné


José Edouardo est fils d’Avelino dos Santos, un maçon et paveur, et de Jacinta José Paulino. Il a grandit dans le quartier de Sambizanga, quartier pauvre qui jouera un certain rôle dans la lutte anti-colonialiste. Il est inscrit à l'école primaire de son quartier avant de rejoindre le lycée Salvador Correia de Luanda. Le jeune homme travaille clandestinement parmi les étudiants pour le renversement de la domination coloniale portugaise.


En 1961, à l'âge de 19 ans, M. dos Santos rejoint une des organisations nationalistes de son pays, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA). En novembre de cette même année, il s'enfuit en exil à Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa, en République démocratique du Congo) où le MPLA a une antenne importante. Ses compétences sont rapidement reconnues et il est nommé vice-président de l'organisation de la jeunesse du parti. En 1962, il rejoint les Forces armées populaires de libération de l’Angola, avant d'être rattaché au bureau du MPLA à Brazzaville, capitale de la république du Congo. En 1963, on l’envoie étudier en Union soviétique. En 1969, il obtient à Bakou (en Azerbaïdjan), un diplôme d'ingénieur du pétrole et de télécommunications.


En Africain, amoureux de la communauté, il chante et joue de la guitare, parallèle de ses engagements politiques, au sein du groupe Kimbamba do Ritmo, avec ses amis d’enfance de Luanda. Une fois en Union soviétique, il forme le groupe de musique Nzaji avec des compatriotes angolais et enregistre un 33 tours. Ses chansons sont d’ordre révolutionnaire, et diffusées sur les ondes de la radio Voix de la révolution congolaise à Brazzaville.


De 1970 à 1974, José Eduardo dos Santos exerce les fonctions d’opérateur au Centre principal des télécommunications au sein du Cabinda, 2e région politico-militaire du MPLA. José Eduardo dos Santos est nommé membre de la commission provisoire de réajustement du front nord, chargé des finances, avant de retourner à Brazzaville en tant que représentant du MPLA jusqu’en juin 1975. En septembre 1975, il est nommé membre du comité central et du bureau politique du MPLA, chargé de la coordination des activités politiques et diplomatiques du Cabinda.


À la suite de la proclamation de l’indépendance de l’Angola, José Eduardo dos Santos exerce les fonctions de ministre des Relations extérieures du 11 novembre 1975 au 9 décembre 1978, puis de vice-Premier ministre et ministre du Plan du 9 décembre 1978 au 10 septembre 19794. Le premier président de la République, Agostinho Neto, meurt à Moscou le 10 septembre 1979. José Eduardo dos Santos lui succède par désignation et devient président du MPLA et de l'État angolais le 10 septembre 19794.


Il faut réaliser son rêve de toujours : pacifier le pays. Une fois au pouvoir, le principal défi d’Eduardo dos Santos, réside dans la résolution du conflit avec l’UNITA (Union Nationale pour l’indépendance totale de l’Angola) et principal mouvement rival du MPLA. L’UNITA, dirigée par Jonas Savimbi et soutenue dans un premier temps par l’Afrique du Sud et les États-Unis, refuse de reconnaitre la légitimité du gouvernement, soutenu par l’Union soviétique et Cuba et déclenche, en guise d’opposition, plusieurs conflits armés, résultant en une guerre civile qui paralyse le pays pendant près de 27 ans.


Le pacificateur : Dès 1980, Dos Santos recherche des solutions d’apaisement diplomatique. En mars 1984, il se rend à Cuba et publie un communiqué conjointement avec le président Fidel Castro dans lequel ils demandent, en échange du départ des troupes cubaines d’Angola, le retrait des forces militaires sud-africaines en Angola, l’indépendance de la Namibie, et la fin du soutien politique et logistique à l’UNITA.


En août 1986, Dos Santos reçoit le révérend américain Jesse Jackson, et ils publient un communiqué où ils demandent le rétablissement des relations diplomatiques avec les États-Unis, alors qu’au même moment Savimbi est accueilli à bras ouverts par Reagan, le président américain.


Il est un homme pacifique et démocrate : Le 31 mai 1991, José Eduardo dos Santos accepte et signe avec son opposant un accord de paix. Lors des premières élections libres et multipartites organisées en 1992, dos Santos mène son camp à la victoire aux élections législatives face au principal parti d’opposition, l’UNITA. Lors de l'élection présidentielle organisée la même année, Eduardo dos Santos sort en tête du scrutin face à Jonas Savimbi, chef de l’UNITA, mais n'obtient pas la majorité absolue exigée au premier tour (49,57 % des voix pour dos Santos contre 40,6 % pour Savimbi). Trois jours de conflits particulièrement meurtriers traumatisent une nouvelle fois le pays et le deuxième tour n'a pas lieu. Savimbi, toujours soutenu par la Maison blanche, décide alors de retirer sa candidature, accusant le vote d’être truqué et relance la guerre civile.


Dos Santos continue de négocier le retour de la paix dans son pays et arpente les couloirs diplomatiques. Le 19 mai 1993, les autorités américaines décident de suspendre leur soutien à l’UNITA et de reconnaître officiellement José Eduardo dos Santos et le gouvernement MPLA en tant qu’instances exécutives officielles de la République d’Angola. C’est ainsi que le 31 octobre 1994, le protocole de Lusaka est signé et met fin à la guerre civile. Le décès du chef du mouvement UNITA, Jonas Savimbi en février 2002, permet l’aboutissement du processus de paix.



Dos Santos, après la guerre civile

En décembre 2003, José Eduardo dos Santos est réélu à la tête du MPLA. L'élection présidentielle est repoussée au lendemain d'élections législatives, qui tardent elles aussi à être organisées, pour avoir finalement lieu le 5 septembre 2008 ; le MPLA y obtient près de 82% des voix, ce qui lui donne, en vertu de l'article 158 de la constitution alors en vigueur, la capacité de réviser la loi fondamentale. Lors des élections législatives d’août 2012, le parti de José Eduardo dos Santos, le MPLA, sort de nouveau vainqueur des élections avec 71 % des votes. José Eduardo dos Santos est confirmé dans ses fonctions, en conformité avec les règles de la constitution en vigueur.


Toujours à l’écoute de sa population, l’homme politique met tout en œuvre pour satisfaire la demande de celle-ci et décide de mettre de côté tous ses ministres qui ne travaillent en faveur du bien-être de la population. En mai 2013, il procède à un remaniement de son gouvernement. En septembre 2014, le Président annonce la fin du cumul des mandats de gouverneur de province et de premier secrétaire provincial du MPLA dans le but d'améliorer la coordination entre administrations provinciales et municipales.



Fin décembre 2016, le MPLA, dirigé par dos Santos, choisit João Lourenço, ministre de la Défense, comme candidat à la présidence lors des élections générales d'août 2017. Pour permettre à la relève de se mettre en place pour poursuivre les grands chantiers engagés pour le développement du pays, en février 2017, dos Santos déclare officiellement qu'il n'est pas candidat à la présidence le 23 août 2017 et que Lourenço est le candidat du MPLA. Le 26 septembre 2017, João Lourenço lui succède comme président de la République, dans une paix absolu. Ce dernier reçoit des félicitations de l’ancien président qui a tout donné pour son pays.


Pour laisser complètement les clés du pays à la jeune génération au pouvoir, en mars 2018, dos Santos, annonce la tenue d'un congrès du parti entre décembre 2018 et avril 2019. Au cours de ce congrès, dos Santos quittera officiellement la présidence du parti et le parti déterminera son prochain chef. Le congrès se déroule finalement le 8 septembre 2018 et Lourenço est élu président du MPLA à 98,59 %33. Dos Santos parachève que le nouveau pouvoir continue de consulter pour sa riche expérience, parachève ainsi officiellement sa grande œuvre à la tête de l’Angola.



Prix et récompenses internationales


Dos Santos a reçu de nombreuses distinctions au plan national et international. On en retient quelques uns.

José Edouardo dos Santos fut « Homme de l’année 2014 », par le magazine Africa World.


Il a reçu la distinction Ordre des Compagnons d’Oliver Tambo, remis par la République d’Afrique du Sud. Ceci est la plus haute distinction sud-africaine décernée à des étrangers.


Distingué également Ordre de la Paix et Concorde (Angola) en 2005.


Il laisse un pays pacifié et en route pour l’émergence. Son rêve le plus cher a toujours été de voir une Afrique unie, indépendante et forte. Il sera royalement accueilli par ses illustres prédécesseurs.

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