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Guerre au Soudan : les enjeux régionaux du conflit pour le Caire



Depuis le 15 avril, le Soudan est témoin d'affrontements entre l'armée et les forces de soutien rapide à Khartoum et dans d'autres villes, et les deux parties ont échangé des accusations selon, lesquelles chacune d'elles aurait lancé une attaque contre le quartier général de l'autre, en plus des allégations de contrôle de sites appartenant à chacune d'elles.


Le puissant voisin du nord du Soudan observe avec inquiétude la situation actuelle du pays, mais l'Égypte semble indécise et particulièrement gênée à l’idée de prendre une position claire. En réalité, elle se trouve face à un dilemme, même si elle risque de faire les frais d'un conflit prolongé.


En effet l’Égypte reste l’un des acteurs extérieurs les plus influents au Soudan. Les deux pays partagent 1 200 km de frontière, ainsi que les eaux du Nil. Environ 3 à 6 millions de Soudanais vivraient dans le pays voisin, une diaspora qui représente un poids économique considérable. Elle accueille déjà quelque cinq millions de Soudanais, qui fuient la pauvreté ou les combats. Les deux pays ont conclu un accord de libre circulation, qui permet à leurs populations de se déplacer librement sur leurs territoires pour vivre et travailler.


Toutefois, elle reste proche de l'une des deux parties en conflit, l'armée régulière. L'autre camp, les forces de soutien rapide dirigées par Mohamed Hamdan "Hemedti" Dagalo, serait soutenu par les Émirats arabes unis, l'un des principaux bailleurs de fonds de l'Égypte.


Plusieurs raisons sont à l’origine de l’intérêt marqué du Caire pour la paix et la stabilité au Soudan.


L'Égypte considère depuis longtemps le Soudan comme un allié indispensable dans le conflit qui l'oppose à l'Éthiopie au sujet du barrage controversé de la Renaissance. Le Caire a qualifié le gigantesque projet hydroélectrique sur le Nil bleu, dans le nord de l'Éthiopie, de menace existentielle en raison de son potentiel à contrôler le débit du fleuve, vital pour la vie dans le pays.


Malgré l'importance considérable du Soudan pour les intérêts stratégiques de l'Égypte, le gouvernement du président Abdul Fattah al-Sisi semble avoir eu du mal à apporter une réponse crédible au chaos qui règne à Khartoum.

on peut cependant comprendre qu'il soit difficile pour l'Egypte d'annoncer publiquement ses préférences. Cela est dû en partie à la complexité du paysage politique au Soudan et à la similitude frappante des développements récents dans les deux pays.


Les options de l'Égypte sont d'autant plus limitées que le pays traverse une crise économique sans précédent. L'un des principaux bailleurs de fonds du président Sisi dans le Golfe, les Émirats arabes unis, est connu pour soutenir les Forces de soutien rapide du Général « Hemedti ».

Difficile donc pour Le Caire de prendre le contrepied du conflit.

Pour le régime égyptien, chaque ligne de conduite est dangereuse.

Une intervention musclée de l'une ou l'autre partie pourrait profondément compromettre les intérêts nationaux de l'Égypte.


Avec ses importantes ressources et son accès à la mer Rouge, le Soudan possède une position stratégique cruciale. Pas étonnant donc que de nombreux acteurs extérieurs s’impliquent dans le pays, sur les plans politique, économique, voire militaire.


La Russie est un partenaire privilégié de longue date du Soudan.

Depuis des années, le Kremlin cherche à établir une base militaire à Port-Soudan, ce qui permettrait à ses navires de guerre d'accéder à l'une des voies maritimes les plus sollicitées du monde.

De leur côté, les observateurs mettent en garde contre une "somalisation", une "syrisation" ou encore une « lybinisation » potentielles du Soudan alors que les puissances régionales et internationales se disputent le contrôle dans le conflit en cours.

Le conflit armé au Soudan est la preuve supérieure de ce que les forces extérieures, régionales et internationales veulent profiter de la situation pour asseoir leur idéologie sur le territoire.

Al-Tamimia, un écrivain et chercheur yéménite, a indiqué que "les motifs de l'intervention ne seront certainement pas humanitaires, mais plutôt de mettre la main sur le Soudan et son avenir, en reformulant son identité politique et ses rôles géopolitiques, et en bénéficiant des avantages économiques prometteurs dont il bénéficie".

Les observateurs estiment que le conflit d'intérêts occidentaux au Soudan contrôlera le conflit à long terme dans le pays avec la présence d'interventions régionales et internationales, mettant en garde contre une répétition du "scénario de la Somalie" au Soudan ou de la "Syrianisation" de la scène soudanaise.

Pour eux, le conflit armé qui a éclaté entre les deux parties au pouvoir au Soudan représente un reflet direct des interventions extérieures régionales et internationales visant à façonner l'avenir du Soudan en fonction des priorités géopolitiques, économiques et idéologiques.Toutefois, ces derniers mettent l’opinion publique nationale et internationale contre une « somalisation » ou une « syrianisation » du pays, le cercle vicieux d’une guerre sans fin.

"Nous pourrions voir le scénario de la Somalie se répéter si les batailles se poursuivent sans résolution et que leur impact sur le peuple soudanais augmente", a souligné l’écrivain yéménite, se référant à la guerre civile en Somalie au début des années 90 du siècle dernier.

« Les choses iront à la syriaisation de la situation (Syrie). De nombreux partis recherchent leurs intérêts. S'il se termine en Syrie, il se terminera au Soudan. Cela ne signifie pas les relier, mais plutôt que le conflit d'intérêts prolongera la guerre », a-t-il conclu.


Pour l'instant, l'objectif ultime est de mettre fin à la bataille entre l'armée et le groupe paramilitaire FSR avant qu'elle ne s'étende davantage et menace de se transformer d'une lutte de pouvoir relativement simple en une guerre civile plus complexe.

Par ailleurs, certains gouvernements étrangers sont désireux d'aider à guider le Soudan vers la démocratie que beaucoup avaient espérée après le renversement, en 2019, du dirigeant brutal du pays, Omar El Bechir.


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