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Mali: fin de Barkhane et de Takuba ou la victoire de la mobilisation populaire



La fin des opérations Barkhane et Takuba en République du Mali permet aujourd’hui de mettre en perspective les raisons de l’échec de la présence occidentale non seulement au Mali, mais plus généralement sur le continent africain. Aussi, il faut surtout s’intéresser désormais aux volontés populaires souverainistes africaines, couplées aux récentes réalités géopolitiques internationales.


Bien que ce fût attendu, c’est désormais officiel – les opérations militaires française et occidentale Barkhane et Takuba en terre malienne – c’est terminé. Si du côté hexagonal, aussi bien politique que médiatique, les critiques vont fortement à l’encontre du pouvoir malien qui est qualifié de «junte» malgré un énorme soutien de la population malienne à l’endroit des autorités, ainsi que vis-à-vis de la présence d’instructeurs russes, la réalité est que l’establishment élyséen et plus généralement occidental devrait commencer sérieusement à regarder objectivement les processus en cours à travers les aspirations des Maliens, et des Africains dans leur ensemble.

Le refus à mettre un terme définitif à l’arrogance qui caractérise l’establishment occidental, ainsi que son incapacité totale à faire preuve au moins d’un minimum d’adaptation aux règles issues de la multipolarité confirmée du système international – font partie très certainement des raisons principales de la série des échecs qui se poursuivent pour l’Occident à divers endroits du monde, y compris en Afrique.


Observateur Continental en avait d’ailleurs parlé dans un article de juillet dernier, consacré à la République centrafricaine. A savoir que s’il y a bien un élément que les représentants washingtoniens comme parisiens semblaient oublier, c’est qu’au final les meilleurs juges ne sont que les populations concernées. Et que les élites occidentales, étant dans l’incapacité la plus totale de s’adapter au monde contemporain multipolaire, risquent à terme de devoir faire face à des évacuations humiliantes de leurs troupes et mercenaires – en Afrique, comme à d’autres endroits du monde – avec en prime l’obligation d’observer la joie des populations des pays concernés qui les accompagneront jusqu’à la piste de décollage.


L’exemple malien ne fait aujourd’hui que largement confirmer cette thèse. Et cela d’autant plus que bien que Paris et l’Occident dans son ensemble tentent aujourd’hui de limiter les dégâts en faisant appel à leurs fidèles supplétifs, rien ne semble actuellement indiquer que la chute d’influence sans précédent pour l’establishment occidental en Afrique s’arrêtera avec le Mali, bien au contraire. Et ce au vu des mobilisations populaires qui ne baissent pas en intensité dans bien d’autres terres africaines, au-delà du Mali.


Après tout, il faut se rendre à l’évidence. Si la montée en force sur l’arène internationale des principales puissances non-occidentales contribuent effectivement et largement à mettre fin à des schémas purement néocolonialistes issus de la période unipolaire totalement dépassée, il ne saurait aujourd’hui être possible de justifier les si nombreux échecs de l’Occident politico-médiatique uniquement à travers cet angle.


Et si Washington, Londres, comme Paris ne peuvent plus aujourd’hui agir en toute impunité sur la scène internationale – ce n’est évidemment pas parce que l’envie manque. Au contraire, les raisons des multiples hystéries des responsables occidentaux sont justement le résultat de ne pas pouvoir faire ce que bon leur semble à divers endroits du monde, comme c’était le cas dans un passé pas encore lointain. Comme bombarder des palais présidentiels d’Etats souverains ou encore détruire des Etats prospères et stables, comme le fut jadis la Libye (entre autres), afin de les transformer en zones de chaos.


Le tout avec évidemment toujours la même posture, à savoir – aucun mea-culpa digne de ce nom, ni de compte à rendre, tout en lançant des campagnes pour tenter au maximum à voiler leurs propres responsabilités dans ce chaos propagé. Et qui d’ailleurs dans le cas du Mali et plus généralement du Sahel n’est que le résultat en très large partie de la destruction otanesque de la Jamahiriya libyenne de Mouammar Kadhafi.


Soyons réalistes. L’Occident politico-médiatique n’est pas prêt à changer, ni à évoluer avec les processus de la multipolarité. Cette réalité évidemment n’est aucunement à mettre sur le dos des peuples de pays occidentaux, qui, pour nombreux d’entre eux, comprennent au contraire ces processus et soutiennent à divers degrés l’ordre international multipolaire.


Mais l’essentiel, encore une fois, à retenir dans toute cette situation, et plus particulièrement dans le cas de la fin des opérations Barkhane et Takuba au Mali – c’est que cet énième échec de l’Occident est bel et bien le résultat d’une mobilisation populaire de masse de la société malienne, dans son large ensemble. Tout comme l’a d’ailleurs également montré la résistance populaire récente d’un autre Etat africain, celui-ci à l’Est de l’Afrique – l’Ethiopie.


En conclusion – les peuples souverains auront le dernier mot. Les alliances géopolitiques pro-multipolaires qui se forment contribuent indéniablement aussi à la mise en place de conditions qui devront mettre un terme définitif aux pratiques du néocolonialisme occidental. Mais les véritables mobilisations populaires de masse resteront la condition clé pour l’atteinte de tous les objectifs propres à l’ère multipolaire. Et face à cela – ni les instruments des révolutions colorées à la sauce Soros qui misent sur des minorités agressives entraînées pour les déstabilisations d’Etats souverains, ni les budgets militaires gonflés de l’axe atlantiste – n’y pourront rien.


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