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Mali : plusieurs personnes dans les rues demandent la démission du président IBK


A l’appel de l’influent imam Mahmoud Dicko, plusieurs personnes ont manifester il y’a quelques jours dans les rues de Bamako, pour réclamer le départ du chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita.


Ce rassemblement qui a eu lieu à la place de l’indépendance de la capitale du pays, a réuni de dizaine de milliers de manifestants. Mahmoud Dicko a appelé à cette marche, pour protester contre les difficultés économiques, sociales et sécuritaires dans le pays. Pour lui, Ibrahim Boubacar Keita est « le problème du mali ».


Cette manifestation est l’initiative du front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD). Ce parti regroupe en plus de l’Imam, plusieurs partis d’opposition dont le principal d’entre eux est Espoir Mali Koura (EMK). C’est un mouvement de la société civile dirigé par l’ancien ministre de la culture Cheick Oumar Sissoko.


Canal de discussion


Aucun parti n’a la capacité de mobilisation de Mahmoud Dicko. En 2009, son premier coup d’éclat avait été de faire barrage à une réforme du code de la famille accordant de nouveaux droits aux femmes.


Dix ans plus tard, après de nouvelles manifestations géantes, il a obtenu le renvoi du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, jugé responsable de l’aggravation de la crise sécuritaire au centre du Mali. Boubèye Maïga, partisan de la ligne dure, était opposé à toute forme de dialogue avec les leaders jihadistes. Dicko, à l’inverse, représente un canal de discussion entre la capitale et les mouvements islamistes armés.


« Issu d’une famille de lettrés musulmans, il a poursuivi ses études dans deux madrasas (écoles religieuses) mauritaniennes réputées, rappelle une note biographique écrite par l’historien Jean-Louis Triaud en 2014. Il est ensuite allé à l’université de Médine, en Arabie Saoudite, le lieu par excellence où sont instruits dans la doctrine wahhabite des étudiants venus de tout le monde musulman. De tout cela il résulte que c’est un arabisant accompli, bien au-dessus du niveau habituel des hommes de religion locaux, et un doctrinaire formé aux lectures les plus étroites des textes sacrés. C’est aussi, et c’est un grand avantage pour lui, un bon francophone. »


Bras de fer risqué


« Il a réussi quelque chose d’énorme : l’islamisation de la contestation, estime Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute à Dakar. Il est un point de ralliement islamo-nationaliste, démagogique mais structuré. » L’imam dénonce pêle-mêle les tripatouillages électoraux des législatives du printemps, qui ont débouché sur des émeutes dans plusieurs villes du pays, la gestion de l’interminable grève des enseignants, les affaires de détournement des contrats militaires, et l’effondrement sécuritaire du Mali.


« Il critique les tares de la chefferie traditionnelle. Ce que l’Occident ne perçoit pas, c’est que le salafisme peut incarner une forme de modernité alternative pour la jeunesse. »« Son succès n’est pas strictement religieux, il ne peut pas rester sur le programme étroit du wahhabisme classique, nuance l’islamologue Youssouf T. Sangaré, maître de conférences à l’université de Clermont-Ferrand. Lorsqu’il est entré dans le champ politique, il s’est fait le porte-voix de tous les mécontents. »


En allant jusqu’à exiger la démission du président de la République, Dicko engage cette fois un bras de fer risqué. Il risque de faire vaciller un Etat par une interminable crise sécuritaire. Sa gestion de la manifestation, et les mots qu’il y prononcera, diront si l’imam est prêt à renverser la table, ce qu’il s’est gardé de faire jusqu’à présent, ou bien s’il entend simplement prouver qu’il est devenu le pivot incontournable de la politique malienne.

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